Depuis septembre 2019, une nouvelle programmation triennale a été lancée : RÉCONCILIATION
Nous connaissons les enjeux de la relation de LA CUISINE avec son territoire, ses habitants et c’est bien la demande de la prise en compte du contexte et les questions liées à l’alimentation, la nourriture et la cuisine qui en font sa singularité.
Cette année la question du dérèglement climatique s’est imposée à nous. La nature s’invite sur scène, dans nos débats et nous avons fait le choix de l’accueillir. Dans un article intitulé Enrichir notre sensibilité au vivant par l’art Estelle Zhong pose cette question : « Que peut l’art face à la crise écologique systémique contemporaine ? » Elle poursuit : « Cette question peut sembler incongrue, presque hors de propos : à quel titre demander à l’art de jouer un rôle dans une situation qui apparaît d’abord d’ordre politique, économique ou militant ? Et comment penser que l’art puisse avoir une effectivité sur cette crise qui se déploie à de si grandes échelles et recouvre tant d’enjeux différents ? Notre hypothèse est la suivante : la crise écologique est à comprendre d’abord comme une crise de la sensibilité ; et pour cette raison, l’art peut y jouer un rôle décisif d’enrichissement et de transformation de notre relation à la nature et au vivant. »
Alors aujourd’hui la question se pose de la réconciliation entre nature et culture, comment nous humain, artistes, designers, architectes, habitants, personnes, allons-nous reconstruire notre relation au vivant, quelles alliances créer avec, les sols, la terre, les plantes, les arbres, les vivants, les non humains pour ne plus être dans une relation d’exploitation mais de collaborations et d’échanges ?
À l’échelle macro, l’art peut-il nous aider à réconcilier le centre d’art et de design, totem de la modernité, à son environnement ?
Aujourd’hui nous souhaitons créer à Nègrepelisse un terrain d’expérimentation à la réconciliation. Dans un triple geste, nous questionnerons les enjeux liés à la crise climatique et à la relation de La cuisine sur son territoire par des invitations données à des artistes, chercheurs, agriculteurs, cuisiniers, associations locales, designers et étudiants.
« Redessiner les villes à partir de nos cuisines : une telle proposition peut sembler extrêmement triviale et même vulgaire. Pourtant, la cuisine est le lieu où nous montrons que la ville n’est pas seulement un ensemble d’humains. Comme l’ont montré William Cronon et Carolyn Steele, du point de vue de la cuisine, la ville a des frontières différentes de ce que nous imaginons : tous les nonhumains que nous excluons habituellement doivent en faire partie. Sans blé, maïs ou riz, sans pommiers, porcs, vaches, agneaux, les villes humaines sont impossibles. Ce sont principalement les non-humains qui rendent nos villes habitables. Il est temps de donner à chacun d’eux la citoyenneté. Libérer la maison du patriarcat et de l’architecture, c’est aussi commencer à penser que la ville n’est pas la maison des hommes. Nous sommes habitués à imaginer que puisque tous les non-humains ont un foyer loin de la ville, dans des espaces "sauvages", les villes sont l’espace légitime pour l’établissement humain. Nous oublions donc que toute ville est le résultat de la colonisation d’un espace occupé par d’autres êtres vivants et d’un génocide conséquent qui a forcé d’autres espèces (à quelques rares exceptions près, les chiens, les chats, les souris et certaines plantes ornementales) à s’installer ailleurs. Une cuisine est, après tout, le trou noir de nos maisons, le lieu où leur essence monastique se renverse en espaces de mélange : les frontières entre les choses et les gens sont suspendues et l’opposition entre les humains et les non-humains est renversée en une fusion festive. Il sera toujours impossible d’être un moine dans une cuisine. Considérer la maison et la ville comme de grandes cuisines signifie renverser la relation patriarcale et patriarcale en un espace de soins et pas seulement sous forme de nourriture. L’acte de cuisiner n’est que la forme de base de l’acte de soin : la forme sous laquelle il est impossible de séparer le soin de soi-même de celui des autres. La maison n’est que l’endroit où l’on prend soin de quelque chose et de quelqu’un. »
Emanuele Coccia
La cuisine, centre d'art et de design
Place du château, 82 800 Nègrepelisse
05 63 67 39 74
ACCÈS
→ Parking devant l’entrée | Gratuit
→ Bâtiment accessible handicapé