Commissariat Marta Jonville
Selon Estelle Zhong, la crise écologique est à comprendre d’abord comme une crise de la sensibilité ; et pour cette raison, l’art peut y jouer un rôle décisif d’enrichissement et de transformation de notre relation à la nature et au vivant.
Dans le cadre de la programmation RÉCONCILIATION, sous la direction artistique de Marta Jonville, le centre d’art La Cuisine propose l’exposition « Guerre et Paix du Vivant... ».
Il s’agit d’une invitation à observer et expérimenter, à penser et faire, à ressentir et réfléchir…
Bienvenue dans cette cuisine/laboratoire !
Kitchen biohacking ! La Cuisine est détournée en laboratoire ! Reprenant la Sémiotique de la Cuisine de Martha Rosler et s’inspirant de l’approche de Open Source Estrogen, la cuisine devient un lieu technique et politique, une façon expérimentale de nourrir nos liens aux vivants humains-nonhumains.
GUERRE ET PAIX DU VIVANT…
Créer dans un monde qui se détruit…
Puisque notre activité humaine a des répercussions sur notre environnement, à l’ère de l’Anthropocène, comment créer autrement ? Comment renouveler les formes, se réapproprier la technique, s’extraire du progrès, collaborer avec le vivant humain et non humain ?
Car il est bien question ici de rendre visible les liens invisibles qui nous unissent au vivant, qui font de nous des vivants.
Guerre et Paix du Vivant est un laboratoire exposition à prendre comme une invitation à observer, comprendre et agir.
La période de pandémie que nous affrontons actuellement ravive ces enjeux autour de la question de la nature. Les virus nous démontrent notre interconnexion avec notre écosystème aussi éloigné qu’il semble paraître. Françoise D’Eaubonne écrivait que «c’est une urgence que de souligner la condamnation à mort, par ce système à l’agonie convulsive, de toute la planète et de son espèce humaine ». Il faut donc revenir à l’idée que nous sommes pris dans un tissu complexe du vivant. Nous avons anthropisé la Terre, rompu les barrières biologiques avec le monde sauvage ... à nous maintenant de reconsidérer le monde d’après. Il nous faudrait « habiter le trouble » selon Donna Haraway, comme une invitation à penser, à ouvrir de nouvelles possibilités de cohabitation et de continuation dans des temps de bouleversements écologiques et de violences natureculturelles sans précédent.
Nous avons besoin d’îlots qui collent au temps pour mettre à l’épreuve les différentes façons d’être terrestres. Il existe une multitude d’interactions écologiques : de la symbiose au parasitisme, du mutualisme au commensalisme, du neutralisme à la prédation... alors quoi de mieux qu’un laboratoire pour étudier les liens du vivant ? Un laboratoire permettant de questionner le soin qu’on apporte et celui que l’on reçoit. Selon Cynthia Fleury, une société du care est une société du "prendre soin" où on comprend que nos interdépendances sont des forces. "Des forces pour nous permettre de transformer le monde de la façon la plus créative possible et de la façon la plus solidaire". Cette société où la coopération a toute son importance vaut aussi pour le vivant et les écosystèmes. Les modes de compositions diplomatiques et les négociations avec le vivant sont des actions du quotidien, de notre quotidien à tous.tes.
Comme le dit Vinciane Despret, il est crucial d’apprendre de nouvelles manières plus attentives de nous rapporter aux êtres (virus, bactéries, animaux non-humain, végétaux) car nous ne pouvons déclarer la guerre au vivant. Les liens qui nous unissent façonnent la complexité de notre environnement. L’invasif et l’intrusif, le vivant et l’inerte, la nature et la culture sont des axes à explorer.
Interroger "la possibilité de créer dans un monde qui se détruit" à partir des communautés multi-espèces est un plaidoyer vivant, une invitation à faire preuve de curiosité, première condition d’une survie collaborative. En ces temps de changement, nous avons besoin d’emprunter des chemins qui n’existent pas, de présenter des formes inconnues, de transformer ce que nous savons du monde actuel…
Culture et biophotographies à la spiruline sur les crues de l'Aveyron en contrebas du centre d’art.
Culture de mycélium de Pleurotes dans la cave du centre d’art, le Vivant colonise le château...
Micro BIO
Mon travail de recherche et de création produit une interface entre la science, l'art et la technique. Je questionne plus particulièrement la place du vivant dans notre société et la construction de l’image face à la propagande de l’innovation. Je cultive mes propres médiums artistiques vivants : bactéries, champignons, blob... sont les micro-organismes compagnes avec lesquels je collabore. Mon travail tente de rendre tangible les liens qui nous unissent au vivant humain et non-humain. Une façon pour moi de porter le regard sur le continent impensé et polysémique de nos « attachements », c’est-à-dire sur la façon dont nous sommes liés/attachés en tant qu’espèce à un environnement, en tant qu’individus aux choses (aux artefacts) ou encore en tant qu’humains aux autres vivants. « Que faire quand votre monde commence par s’effondrer ? Moi, je pars me promener, et, si j’ai vraiment de la chance, je trouve des champignons ». A l’ère de l’Anthropocène, comment continuer à donner sens à la création contemporaine? Cette question est devenue centrale dans ma pratique artistique comme une éthique de création.
La cuisine, centre d'art et de design
Place du château, 82 800 Nègrepelisse
05 63 67 39 74
ACCÈS
→ Parking devant l’entrée | Gratuit
→ Bâtiment accessible handicapé