Diane Trouillet vit et travaille à Toulouse où elle explore l’interface de l’art, de la science et de la technique. En développant ses propres médiums vivants, elle expérimente d’autres supports artistiques. Ainsi les matières se transforment de façon autonome et échappent au contrôle rappelant notre relation au vivant. Bactéries, champignons, blob deviennent des organismes compagnes avec lesquels collaborer. Une façon de porter le regard sur le continent impensé et polysémique de nos « attachements » au sens de Bruno Latour, c’est-à-dire sur la façon dont nous sommes liés/attachés en tant qu’espèce à un environnement, en tant qu’individus aux choses ou encore en tant qu’humains aux autres.

De même, à l’ère de l’Anthropocène, comment continuer à donner sens à la création contemporaine ? Cette question centrale implique de ne plus être dans une relation d’exploitation mais de collaborations et d’échanges avec le vivant. À l’échelle micro ou macro, c’est ce que Diane Trouillet développe dans ses biophotographies à la spiruline, dans ses séries de vanités sur papier bactérien, ses installations contenant des bactéries bioluminescentes.

Dans le cadre de « Réconciliation » à La Cuisine, Diane Trouillet installera un « studiolow » présentant divers médiums organiques. Ce studiolo inspiré de ceux de la Renaissance italienne matérialisera un petit laboratoire temporaire permettant l’expérimentation et le partage des savoirs. Interroger «la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme» à partir des relations interspécifiques que nous nouons avec des êtres microscopiques comme l’est la mère de vinaigre ou la spiruline de Montauban, sera un plaidoyer vivant, une invitation à faire preuve de curiosité, première condition d’une survie collaborative. En ces temps de changement, nous avons besoin d’emprunter des chemins qui n’existent pas, de présenter des formes inconnues, de transformer ce que nous savons du monde actuel.